Séances & Masterclasses
PROGRAMME AUTOUR DES FILMS DU BAC : projections, interventions et Masterclasses
Depuis plus de 30 ans, les Rencontres Cinématographiques de Cannes accueillent de nombreux lycéens et collégiens pour participer à des projections, des rencontres et des ateliers d’éducation aux images. Depuis 2021, Cannes Cinéma a souhaité enrichir son offre “scolaire” par une proposition spécifique pour les élèves de première et de terminale en spécialité cinéma. Ainsi, pendant 3 jours, les élèves pourront assister aux projections des films du Bac Cinéma. Chaque projection sera suivie d’une intervention d’une heure environ, durant laquelle l’intervenant reviendra sur le film avec les élèves en proposant plusieurs pistes de réflexions et en appuyant son propos sur des analyses de séquence.
Mardi 22 novembre
à partir de 9h aux Arcades

Une journée animée par Louis Blanchot
9h : projection de Ready Player One de Steven Spielberg
14h : masterclass : La science-fiction : l’existence à l’époque de sa reproductibilité technique
La science-fiction est un genre narratif tellement populaire et ancré dans nos imaginaires qu’on en négligerait presque sa définition. D’œuvre en œuvre, il s’agit chaque fois de projeter un monde futuriste qui se distingue du nôtre par de profondes transformations (sociales, politiques, domestiques) dues aux découvertes de la science. Initiant et subissant au premier chef ces mutations du réel : l’homme – dont l’intégrité, au fil des innovations, se trouve progressivement mise en question. Aujourd’hui que la science-fiction se voit constamment rattrapée par la réalité, l’interrogation est d’ailleurs dans toutes les têtes : la technologie a-t-elle vocation à faciliter nos vies ou à les remplacer ? Parce qu’il est un art totalement dépendant de la technologie (la machine est son outil et son médium), le cinéma est venu illustrer avec une grande acuité cet enjeu – la façon dont la technologie est en train de modifier nos existences, voire la notion même d’existence.
A travers une analyse de plusieurs œuvres illustres du genre (comme La Mouche et eXistenZ de David Cronenberg) et tout en jetant régulièrement des ponts analytiques en direction de Ready Player One de Steven Spielberg, cette intervention a pour objectif de donner un panorama synthétique des problématiques de fond et de forme liées à la science-fiction.
Louis Blanchot a exercé le métier de critique de cinéma pendant dix ans et a notamment collaboré aux revues Chronic’art, Vertigo, Trois Couleurs, Stylist, Carbone. En 2016, la maison d’édition Capricci a publié son premier essai, Les Vies de Tom Cruise. Louis Blanchot a par ailleurs participé à la rédaction de nombreux livrets pédagogiques pour le dispositif Lycéens et apprentis au cinéma — dont celui sur Ready Player One de Steven Spielberg. Aujourd’hui, il enseigne le cinéma à l’Université Paris 7 et anime des ateliers cinéphiles dans plusieurs établissements scolaires de la ville de Paris.
Mercredi 23 novembre
à partir de 9h aux Arcades

Une journée animée par Murielle Joudet
9h : projection de Le Secret derrière la porte de Fritz Lang
14h : masterclass : Le gothique féminin (« female gothic ») : un cauchemar féministe
Pour mieux saisir Le Secret derrière la porte de Fritz Lang, il faut le replacer à l’intérieur de son genre, le female gothic, qui, dans le Hollywood des années 1940, aura donné une poignée de films (Rebecca d’Alfred Hitchcock, Hantise de George Cukor, Angoisse de Jacques Tourneur), tous d’une très grande cohérence formelle et thématique. Il est toujours question d’une femme qui rencontre un homme, se marie avec lui et s’installe dans la demeure conjugale. En explorant les différentes pièces du lieu, celle qui croyait connaître son mari découvre qu’elle ignore tout de lui. Du petit personnel aux meubles, la demeure semble hantée par les fantômes d’un passé aussi lourd qu’inquiétant. L’utilisation systématique du noir et blanc et d’une lumière expressionniste vient confirmer ce qu’est le female gothic : la mise en scène d’un espace purement mental, abstrait. L’héroïne circule et se perd dans les méandres d’une maison comme à l’intérieur du cerveau malade de son mari. Puisant dans la tradition littéraire du roman gothique (où se mêlent fantastique, romantisme, épouvante), le female gothic propose un sous-texte féministe qui observe le mariage comme une institution qui tend à annihiler la subjectivité féminine.
Tout en retraçant l’histoire de ce genre propre aux années 1940, nous verrons que son héritage perdure encore aujourd’hui, en s’adaptant aux modes narratives et aux mutations du public. Le gothique féminin (« female gothic ») : un cauchemar féministe.
Murielle Joudet est critique de cinéma pour le Monde, les Inrocks, Le Cercle (Canal+) et le site Hors-Série. Elle a publié des essais sur Isabelle Huppert (Vivre ne nous regarde pas) et Gena Rowlands (On aurait dû dormir) aux éditions Capricci, et a participé à la rédaction d’une monographie sur Alfred Hitchcock (Hitchcock – La Totale) pour les éditions EPA. Son dernier livre, La Seconde femme – Ce que les actrices font à la vieillesse, est paru en septembre 2022 aux éditions Premier Parallèle.
Jeudi 24 novembre
à partir de 9h aux Arcades

Une journée animée par Guillaume Orignac
9h : projection de Les Vitelloni de Federico Fellini
14h : masterclass : Bande de mecs
Avec Les Vitelloni, Federico Fellini a réalisé le premier film d’un genre appelé à prospérer deux décennies plus tard : le film de bande. Au croisement du film de jeunesse et du film choral (qui s’intéresse à plusieurs personnages principaux), le film de bande observe un groupe d’amis, que ce soit le temps d’une nuit, d’une semaine, d’une saison ou de plusieurs. Or, cette observation-là se nourrit d’un double paradoxe. D’abord, celui de regarder ses personnages dans le temps vécu du présent, mais avec le recul réflexif de qui se penche sur son passé. Ensuite, celui de s’intéresser à des caractères individuels sans jamais quitter la vision de groupe. D’American Graffiti (George Lucas) à Everybody wants some !! (Richard Linklater), en passant par Big Wednesday (John Milius), Husbands (John Cassavetes) ou Outsiders ( Francis Ford Coppola), le film de bande s’est penché sur l’existence pour nous en rappeler les coordonnées : fugaces, mouvantes, mais intenses. Avec une dernière question : où sont les filles dans ces films-là ?